Caporetto

La bataille de Caporetto est certainement (avec celle de Tannenberg) le plus grand succès militaire remporté par une armée durant la Première Guerre mondiale. Souvent appelée la douzième bataille de l'Isonzo, cette bataille a été menée conjointement par les armées allemandes et austro-hongroises contre l'armée italienne déployée sur la rive nord du fleuve Isonzo. Caporetto est le premier "joint venture" des Allemands avec les Austro-Hongrois sur le front italien. L'Autriche-Hongrie ne pouvait plus agir autrement qu'en sollicitant l'aide allemande, parce que les attaques italiennes, bien que coûteuses en vies humaine, avaient affaiblies l'armée austro-hongroise. En 1917, le front austro-hongrois autour de Gorizia était en danger de craquer, ce qui va amener le général Ludendorff à aider le commandant en chef austro-hongrois, le général Arz Von Straussenberg, en planifiant une opération d'envergure pour Septembre 1917. Ce qui sera le plus étonnant dans cette affaire c'est que les Italiens seront totalement pris par surprise – enfin presque totalement.

_________

Genèse d'un échec

Ce qui est arrivé à l'armée italienne repose sur un malendentu fondamental qui dure depuis l'entrée en guerre de l'Italie du côté de l'Entente, à commencer par l'État-major italien, pourri de paresse jusqu'à la moelle. Le désaste de Caporetto ne sera pas causé par la lâcheté des soldats italiens ou par une supposée conspiration communiste, mais par l'obstination et une négligence purement militaire. Il démontre l'incompétence des officiers d'état-major italiens aucunement préparés à affronter les nouvelles tactiques austro-allemandes. Caporetto (aujourd’hui Kobarid en Slovénie), est le point central d'une offensive austro-allemande menée par Otto von Below qui va bousculer les armées italiennes.

_

La ville de Caporetto – Le secteur des opérations en Septembre 1917

Au printemps 1917, l'armée italienne contrôle les deux rives du fleuve Isonzo à partir du bassin du Plazzo jusqu'à l'Adriatique. Les Austro-Hongrois demeurent accrochés à une petite bande de terrain de 7 kilomètres près de la ville de Tolmino, et leurs positions éparpillées devenaient de plus en plus difficiles à défendre. L'armée italienne ne ressemblait plus à la petite force sous-équipée de 1915; elle avait accru ses effectifs (2 millions d'appelés), organisée un programme d'entraînement de base et, surtout, bénéficiait d'un bon apport en armes et en matériel. En fait, cette armée italienne de 1917 était presque équivalente à celles de ses alliés français et britanniques. Au début de l'été, les Austro-Hongrois contrôlent toujours le mont Ermana, mais leur temps opérationnel était compté contre cette armée italienne grandissante.

_

Août 1917: Visite du président Poincarré en Italie – Soldats italiens dans les montagnes

Pour preuve, les Italiens parviennent à s'emparer du plateau de Brainsizza durant l'été 1917, mais en payant un prix fort: 46,000 tués et 120,000 blessés, contre 29,000 tués et 31,000 blessés pour les Austro-Hongrois. Inutile de dire que l'aide allemande ultérieure sera la bienvenue. Le Haut-commandement allemand accepte de transférer temporairement quelques unités aguerries du front oriental vers le front italien, le temps de giffler sévèrement les Italiens, avant de les retransférer en France. Six divisions allemandes cantonnées près de Riga etcommandées par le général Von Hutier sont transférées sous le commandement du général Von Below. Malgré le fait que les forces italiennes sont supérieures en nombre (14 divisions contre 34), elles étaient plus faibles aux endroits choisis par les Austro-Allemands pour lancer leur attaque. Le général Cardona n'avait aucune idée de l'importances des unités ennemies. La seule chose qu'il savait était qu'une nouvelle attaque ennemie serait inévitable "durant l'automne" et que, cette fois, les Allemands seraient de la partie.

_________

Le plan d'attaque

Le Haut-commandement austro-hongrois pensait faire une attaque semblable à celle qu'il a mené en 1916 dans le Trentino. Les Allemands s'opposent à ce plan en lui préférant une petite offensive bien ciblée sur un front n'exédant pas 25 kilomètres. L'attaque des forces de la Triplice sur Caporetto sera un mouvement de pince. La première pince (le 1er Corps austro-hongrois) attaquera l'ennemi à partir du bassin de Plezzo le long de l'isonzo jusqu'à Caporetto. La seconde pince (composée de trois corps d'armées allemands) progressera de Tolmino jusqu'à Caporetto. Lorsque les forces italiennes seront vaincues ou désorganisées, les forces austro-allemandes progresseront jusqu'à la rivière Taglimento afin de flanquer les Italiens devant ce cours d'eau afin de les encercler. Sur le plan opérationnel, les forces de la Triplice doivent cosolider leurs positions sur des points élevés, comme le mont Matajur et prendre la petite ville de Cividale. Globalement, l'objectif de cette attaque vise autant à vaincre l'armée italienne qu'à conserver l'Autriche-Hongrie au sein de la Triplice.

Le bassin de Plezzo vu du côté italien

Là encore, ce sera une bataille d'artillerie. Le camp de la Triplice dispose de 3300 tubes de calibre 105mm et supérieur, ainsi que de 650 mortiers. Les Italiens disposent de 3700 tubes et de 1700 mortiers. Là encore, l'avantage austro-allemand vient du fait que son artillerie est surtout concentrée sur les points choisis pour percer le front, et non déployée sur l'ensemble de celui-ci. En 1917, il existe une grande différence entre les tactiques utilisées par les alliés de l'Entente et celles de la Triplice. Les Alliés ont tendance à débuter une attaque par une grande préparation d'artillerie (Verdun, la Somme, etc.), suivie par des vagues de fantassins. Cette tactique est innefficace car elle exerce une pression dans toute la zone soumise à l'attaque. Qui plus est, les conditions montagneuses du front italien ont toujous réduit l'efficacité des progressions italiennes, comme l'ont montré les autres batailles de l'Isonzo. En conséquence, l'armée italienne avait payé le prix fort pour s'emparer que de quelques parcelles de terrain ennemi, et le Haut-commandement italien n'a pas cru pertinent de revoir sa stratégie et ses tactiques. De ce fait, les Italiens n'ont pas été plus clairvoyants que leurs alliés Français et Britanniques: ils croient encore que le meilleur moyen de venir à bout des forces de la Triplice est de leur opposer une supériorité humaine et matérielle.

_

Troupes italiennes en route pour le front – L'État-major combiné de la Triplice en Septembre 1917

En revanche, les Allemands, qui ont eux-aussi connu les saignées de Verdun, de la Somme et du Chemin des Dames, sont dans un processus de révision de leurs tactiques de combat. Un nouveau manuel de procédures tactiques a été adopté durant l'été 1917. On y retrouve les points suivants:

  • Privilégier la surprise.
  • Utiliser les gaz toxiques.
  • Infiltrer les défenses ennemies.
  • Percer le front par un barrage intense mais bref.

    À Caporetto, les préparatifs d'attaque se sont déroulés dans le plus grand secret. L'artillerie a été amenée à la main et de nuit pour éviter la détection aérienne; celle-ci a été camouflée. Aucun tir de d'ajustement n'a été fait, et les réglages ont été effectués par des calculs mathématiques permettant d'atteindre des positions en réduisant le nombre des coups à tirer. Les obus au gaz seront surtout lancés vers les petits PC italiens. La contribution tactique allemande la plus importante la tactique de von Hutier qui privilégie l'infiltration par des petits groupes agiles au lieu des vagues de fantassins. Ces attaquants poursuiveront leurs progressions sans se soucier de leurs flancs, avant d'encercler les défenseurs ennemis. Malgré les fait que les Austro-Hongrois avaient utilisés de telles tactiques durant la dixième bataille sur l'Isonzo, les Italiens ne se sont pas préparés à contrer de telles initiatives à l'automne.

    _________

    Le déploiement italien

    Cardona adopte une posture défensive et ordonne à ses subordonnés de consolider leurs positions sans faire de reconnaissance agressive. Ses ordres ne sont pas précis quant à la façon de préparer le terrain, de sorte que la 2ème Armée du général Capello demeure prête à attaquer les forces ennemies. Cardona ne s'est même pas donné la peine de vérifier si ses ordres avaient été compris et exécutés. En conséquence, les défenses préparées par Capello manquent de profondeur et son artillerie était déployée trop près de ses hommes... Le gros des forces était en première ligne, tandis que les réserves étaient plutôt faibles à l'arrière. Ainsi, la 2ème Armée avait un rideau si mince que ses défenses pouvaient être percées facilement, sans que ses éléments de réserves puissent endiguer l'ennemi. C'était particulièrement le cas près de Tolmino. Cette disposition inquiétait quelques officiers subalternes, comme le général Cavaciocchi, du 4ème Corps, ainsi que le général Badoglio, du 27ème Corps. Capello est convaincu que la meilleure tactique était de contre-attaquer immédiatement les Austro-Allemands avant que ceux-ci ne lancent leur offensive anticipée. Malgré ces inquiétudes, Cadorna persiste dans ses préparatifs défensifs, mais malheureusement pour lui, la concentration des forces ennemies sur les points choisis pour l'attaquer va surprendre son armée par des tactiques nouvelles que ne connaissaient pas les Italiens.

    Cadorna: tenir le terrain à tout prix

    Les soldats italiens reçoivent l'ordre de s'accrocher à chaque pouce de terrain, peu importe les difficultés éprouvées. Les défenseurs ont ordre de tenir, un point c'est tout. Les officiers ne se sont jamais demandé quoi faire si l'ennemi perce leurs positions, ou comment réagir en cas d'encerclement, tout simplement parce qu'ils n'ont jamais entraîné leurs hommes aux manoeuvres mobiles. D'ailleurs,le concept même de la défensive est tout nouveau pour les Italiens, parce qu'ils ont toujours été sur l'offensive depuis 1915. Ainsi, la posture défensive sera désastreuse pour l'armée italienne. Personne n'a l'idée d'utiliser les avions pour harceler l'ennemi avant l'attaque.

    _________

    La bataille

    La bataille de Caporetto débute le 24 Octobre 1917 à 02H00, par un barrage d'artillerie bref mais très violent. Toutes les tranchées italiennes frontales des objectifs visés ont été détruites, et leurs défenseurs se rendent rapidement. Les groupes d'assauts enfoncent rapidement leurs adversaires enveloppés par la brume matinale. Les PC italiens dans la vallée du Plezzo reçoivent beaucoup d'obus au gaz. Le 87ème Régiment d'infanterie italien est anéanti par le gaz: leurs masques étaient inefficaces pour protéger les soldats. Les forces austro-allemandes prennent tous leurs objectifs en deux jours de combat. Le mouvement le plus décisif a été mené à partir de Tolmino contre le 27ème Corps de Badoglio. Les soldats allemands s'emparent des positions d'artillerie italiennes avant que celles-ci n'ouvrent le feu. Durant toute la bataille, les artilleurs italiens seront misérables, si bien qu'ils laissent leurs propres fantassins à la merci des coups de l'ennemi. La rapidite de l'attaque allemande bouscule la 19ème Division italienne des pourtours du mont Jeza et ce la crête de Kolovrat. Le 27, gros des forces de la Triplice referme la premièr pince derrière Caporetto: c'est la fin pour la 2ème Armée italienne...

    _

    Soldats italiens abandonnant leurs positions – Tranchée italienne détruite par l'artillerie

    Les troupes austro-allemandes avancent le long de l'Isonzo et font leur jonction le 28 avec les unités austro-hongroises à Caporetto. Durant le chaos de la bataille, les Italiens ont commis plusieurs erreurs. En premier lieu, ils n'ont pas fait sauter les ponceaux sur l'Isonzo en se repliant. Leur position sr le mont Stol a été abandonnée un peu trop rapidement, permettant ainsi son contrôle par l'ennemi. Ne disposant plus de points élevés pour gérer la bataille, les Italiens ont multipliés les gestes futiles, comme des petites contre-attaques faites par la Brigade Firenze, qui sera détruite presque qu'au dernier homme. La défense italienne perd toute cohésion, et, faute d'ordres clairs, c'est souvent le sauve-qui-peu vers le sud. Il aura suffi d'une fausse évaluation de la situation générale par Cadorna, la désobéissance du général Capello, et la bataille devient une catastrophe. Une fois le front percé, le repli s'effectua dans le désordre. Il y a quand même une bonne résistance italienne à quelques endroits, mais faute d'avions et d'artillerie, les fantassins italiens ne peuvent tenir devant leurs adversaires. Devant la débâcle, il n'y avait pas grand chose à faire du côté du commandement italien. La police militaire (Carabineri) forçait les soldats armés à retourner se battre, mais laissait filer ceux qui n'étaient pas armés... Des divisions entières tombent entre les mains de l'ennemi. Dans les poches d'encerclés, les unités austro-allemandes n'en finissent plus de recueillir des prisonniers désabusés, apeurés et, souvent, soulagés d'en avoir fini avec cette guerre. Caporetto n'aura été qu'une grande récolte de prisonniers italiens. Le 26, la bataille était déjà gagnée de facto pour les forces de la Triplice.

    _

    Les assauts localisés sont violents – Colonne allemande vers Tagliamento

    Le 27, la 3ème Armée italienne toute entière était menacée d'encerclement près de Carso. Le général Cadorna ordonne à ses forces de se replier sur la rivière Tagliamento. L'ennemi occupe toutes les hauteurs et fait pleuvoir obus et projectiles de mortiers sur les Italiens. La plaine de Vénétie est menacée d'invasion, alors que 1,5 millions de soldats italiens poursuivent leur retraite en bon ordre. Pour protéger la retraite, deux armées (la 3ème avec ses 300,000 hommes et la 4ème avec ses 230,000 hommes) parviennent à ralentir la progression austro-allemande, mais perdent 25% de leurs effectifs – comme les 90,000 soldats déployés près de Carnia encerclés et tous faits prisonniers... La plaine de Vénétie est occupée le 30 Octobre, et les attaquants disposent désormais de bonnes routes pour continuer leurs progressions. Pis encore, de nombreux soldats italiens se mutinent et plusieurs furent exécutés. Parfois, les pelotons d'exécution préféraient fusiller leurs officiers plutôt que les mutins (ci-bas à droite)...

    _

    Une tranchée italienne est bousculée – Un officier italien plutôt malchanceux...

    Le 1er Novembre, les Italiens sont redéployés derrière la Tagliamento et commencent à endiguer l'offensive austro-allemande par une riposte bien coordonnée. Les Austro-Allemands manifestent des signes de fatigue devant la résistance italienne. Qui plus est, ils sont eux-même si surpris par l'ampleur de la victoire qu'ils ne s'entendent plus sur la suite des choses: où aller et quand cesser l'offensive? Le Haut-commandement austro-hongrois voulait aller vers Venise, mais pas les Allemands. Ces interrogations stratégiques permettent aux Italiens de se ressaisir. Les affrontements deviennent des combats entre fantassins dépourvus d'artillerie pour les appuyer. Peu à peu, les Austro-Allemands vont s'arrêter et poursuivre leurs affrontements à partir de positions statiques sur la rive nord de la rivère Piave. Le pire semble évité pour l'Italie, mais aux dépends de son armée... Le désastre de Caporetto avait également une composante sociale concrétisée par les nombreux refus d'obéissance pré-cités qui portaient un germe révolutionnaire. Cuzio Malaparte écrira: Les vaincus se sont désintéressés de Caporetto ou ils en ont eu honte. La crainte d'apparaître lâches ou traîtres à la patrie les a poussés à renier les plus beaux gestes, le plus courageux d'une existence de poltrons. C'est ainsi que Caporetto et la révolution russe d'Octobre 1917 marquent un tournant dans la vie politique italienne. Lorsque les Allemands et Austro-Hongrois ont été stoppés sur la Piave, le sentiment national fut vivifié et va susciter une sorte "d'union sacrée" – même Giolitti va s'y rallier. Ce seront les socialistes plus radicaux qui serviront de bouc-émissaires pour une population effrayée. Une fois l'opposition révolutionnaire isolée, la classe politique italienne va se diviser entre les réformistes modérés et des radicaux de droite qui organiseront ultérieurement le Parti fasciste.

    _

    Des prisonniers et encore des prisonniers...

    Qui blamer?

    Le comportement des unités italiennes durant cette bataille laisse fort à désirer. Bien que quelques-unes d'entre elles se soient bien battues malgré la situation chaotique, un très grand nombre se sont rendues ou ont détalé vers le sud avant même de recevoir l'ordre de la retraite. Cela a permis au général Cadorna d'envoyer un communiqué au gouvernement italien, alors que l'armée était en pleine retraite: A cause d'un manque de résistance de la part de certaines unités de la 2ème Armée qui se sont repliées lâchement sans combattre ou ont capitulées bêtement, les Allemands et leurs alliés ont réussi à percer notre flanc droit. Les gestes des autres unités plus vaillantes ont été insuffisantes pour arrêter l'offensive ennemie sur notre sol sacré, écrivit-il le 29 Octobre 1917. L'ampleur du désastre militaire était si important qu'il est impossible de le cacher à l'opinion publique italienne – et mondiale. Le GQG allié à Paris est stupéfait. Le président américain Wilson est inquiet, surtout après le retrait de la Russie de la guerre. Aux yeux de l'Entente, la réputation de millions de soldats italiens a été ternie par leurs propres officiers, Cardona en tête. Ce dernier crâne contre ses soldats surtout pour masquer sa propre incompétence, quitte à mettre la faute sur les militants communistes au sein même de ses unités.

    _

    Soldats italiens repliés au sud de Tagliamento – L'artillerie lourde de Badoglio n'a pas tiré

    Personne n'a documenté d'une manière méthodique comment les soldats italiens se sont comportés à Caporetto. Les archives sont trop partielles et désordonnées pour donner une idée parfaitement claire des problèmes de l'armée italienne. En fait, cette dernière avait tout simplement été déclassée par les tactiques de son adversaire et, surtout, par l'incompétence tactique des officiers de terrain qui ont perdu leurs moyens dès les premiers coups de canon dirigés contre eux. Le bri des communications a accéléré la confusion et produit le chaos. Il y avait aussi le facteur de l'écoeurement devant une guerre qui ne finit plus de durer; cela a expliqué le comportement de nombreuses unités italiennes qui ont tout simplement jeté les armes et se sont rendues en applaudissant les Allemands sous les cris de viva Germania... Si le soldat italien n'est pas vraiment en faute, alors qui blamer? Trois généraux: Cadorna, Capello et Badoglio. Le premier, parce qu'il est responsable de ne pas avoir préparé l'armée italienne à mener une guerre défensive. Le second, pour n'avoir pas préparé ses lignes en profondeur afin d'endiguer l'assaut initial ennemi. Le troisième, pour avoir fait pauser trop longtemps son artillerie, permettant aux attaquants de foncer plus rapidement et, en bonus, de lui ravir ses canons... Cardona est relevé de son commandement par le gouvernement italien et remplacé par le général Diaz. Cependant, les politiciens italiens agissent discrètement en refusant de critiquer trop ouvertement un général dont ils avaient fait un héros.

    _

    La retraite de Caporetto a été démoralisante – Cadorna: un général fini...

    __________

    Le bilan

    Les troupes italiennes, dans leur retraite difficile à cause des embouteillages, laissent à l’ennemi la bagatelle de 293,000 prisonniers, la moitié de leur artillerie et d’importants stocks d’armes, de matériel et de vivres. L'armée italienne est ainsi réduite de moitié, soit de 65 à 31 divisions. Cette victoire permet aux forces de la Triplice de percer le front italien et de s'emparer de la majorité du territoire vénétien, progressant de 100 kilomètres en direction de Venise. Mais elles ne peuvent franchir la rivière Piave, où les Italiens, appuyés de forces françaises, britanniques et américaines, avaient mis en place une nouvelle ligne de défense. Celle-ci constitua la ligne de front presque jusqu'à la fin de la guerre – le 24 Mai 1918, les forces alliées repassent le Piave. La désorganisation de l'armée italienne a eu pour effet d'acheminer des forces alliées en Italie. Le retentissement de cet échec est tel la démission du général Cardona entraîne la chute du gouvernement italien...

    _______________________

    © Sites JPA, 2021